D'aventure ; libre

Le vent lui avait apporté l'odeur épicée et subtile, d'un goût d'aventure, de découvertes et de secrets, à découvrir. Il s'était laissé porter par cet air indécent, le cœur battant et impatient d'en découvre avec ces nouvelles terres.
Les sabots foulant l'herbe grasse, et les naseaux emplis d'une revigorante brise printanière, c'est l'âme téméraire qu'il s'en était allé à traverser les bois, denses et sombres. Il avait suivi les lumières, s'était perdu, et encore et encore, mais peu importe. Finalement, il entrait dans la clairière, colorée, lumineuse, quelque part au milieu des arbres.

Elle était si grande, si spacieuse. Aucun arbrisseau en vue, seulement un parterre d'herbes folles et de fleurs dont les teintes variées ravissaient à ses yeux. Mais loin d'être idiot, il laissa parler pour lui son expérience et resta à la bordure des bois. Kabëlan observa, dans un premier temps.
Oh et puis, fuck.

Il se propulsa en avant, ses postérieurs ramonant la terre derrière lui. Lancé dans un galop puissant et rapide, l'aventurier se jeta dans la clairière, un large sourire à ses lèvres.
Et valser avec le danger.

Alors qu'il galopait dans le Jardin des Lions, bien conscient du danger qu'il frôlait du bout de ses sabots, Kabëlan fut interpellé par une autre présence équine. Quelqu'un était aussi présent en ce lieu. Une nouvelle rencontre ? Un Pandörian peut être ? Ou bien l'un des siens ?
L'étalon arrêta net sa course, freinant en soulevant un peu l'herbe sous lui. Les plantes environnantes ne lui disaient rien qui vaille. Mieux valait ne pas trop rester immobile longtemps.

Mais alors qu'il allait se remettre en route, une silhouette se détacha des environs. Il s'agissait d'une petite jument isabelle, un peu trapue. Fronçant les sourcils, Sha ne l'avait jamais rencontrée auparavant. Le leader de la résistance serait donc sur ses gardes, mais il était loin d'être un froussard. Kabëlan prit le petit trot et s'approcha lui aussi, en faisant attention à ne pas marcher sur une plante qui lui dévorerait une jambe.

Il s'arrêta à deux ou trois mètres d'elle, désirant, s'il s'agissait d'une ennemie, ne pas se laisser attaquer si facilement. Ici, sur Falöna Synaë, et surtout en ces temps, on ne savait pas sur qui l'on pouvait tomber.

- Bonjour... Qu'est-ce qui vous amène en ces lieux ?

Le Jardin n'était pas sûr. Le danger poussait partout autour d'eux. Et ils n'étaient pas à l'abri d'une Apparition. Sha désirait savoir à qui il avait à faire, avant de dévoiler son identité. Quand bien même il s'était déclaré leader des Rhönins, il avait encore l'espoir que quelques gens ne le connaissent pas. Mais il ne fallait pas trop compter sur cela : avec sa robe léopardée, il était vite fiché.

La jument ne semblait pas timide, et pas non plus intimidée par cette nouvelle rencontre. Kabëlan Sha avait donc deux hypothèses sur elle : soit elle était tout à fait innocente et peut être insouciante, soit elle jouait un jeu.

Elle lui répondit, enthousiaste, prétextant qu'elle était venue explorer les environs. C'était un bon alibi de venir en ce lieu. On disait de ce jardin qu'il avait abrité le Palais de Pandore durant un temps, car il était vaste et bien agencé tout de même. Il se trouvait aussi en plein milieu du bois, sans raison apparente.
L'inconnue souriait. Peut être désirait-elle le mettre à l'aise. Mais il subsistait toujours un doute. Cependant, Kabëlan n'était pas né de la dernière pluie quand il s'agissait de cacher son jeu. Il répondit donc à son tour par un sourire, jouant la carte de la sympathie en attendant que la jument se trahisse. Ou bien était-elle tout à fait innocente et alors, tant mieux.

- Pareillement. Je recherche des indices sur les rumeurs qui courent sur ce lieu.

En soit, il ne lui dévoilait rien sur son identité de Rhönin. N'importe qui pouvait prétendre s'intéresser aux légendes de Falöna Synaë. Surtout en tout ce qui concernait Pandore. Après tout, il y avait bien des aventuriers aussi du côté des Falöniens ne prenant pas parti.
Kabëlan Sha jouait la carte de la prudence. Il valait mieux, tant qu'il n'était pas certain de ne pas avoir à faire avec une Pandörienne.

- Nous pouvons chercher ensemble, si vous acceptez.

Un sourire étira ses lèvres rosées, alors qu'il glissait son regard dans celui de la jument isabelle.

Sur un chemin invisible, Drazbel continua son avancée errante, ayant refusé que sa mère le suive à l'entente des rumeurs sur la dangerosité du lieu. Il n'était pas venu spécialement pour risquer sa vie, plutôt pour continuer son exploration. L'endroit était parée de vives couleurs, mais était semble t-il aussi très vivace. Par-ci par-là s'agitait parfois une plante avec une rapidité mortelle. Suivant toujours son chemin invisible, l'étalon finit par s'arrêter, son attention se portant sur des bruits plutôt incongrus lorsqu'on était seul dans un champ de fleur. Sauf bien entendu si les fleurs pouvaient aussi discuter entre elles dans l'étrange jardin des lions.
Drazbel s'arrêta donc et écouta, contempla l'étrange couple aussi disparate que semblable. Ils étaient une mélodie dissonante qui avait pourtant la possibilité de sonner aux oreilles de chacun comme une symphonie des plus envoûtante.

Leur discussion lassa pourtant rapidement l'étalon pie qui continua son avancée, ignorant non seulement les plantes un peu trop téméraires mais aussi son dévoilement au deux autres.

" La mélodie sonne faux. " marmonna l'imposant mâle " Elle est dissonante et grinçante. L'écouter est douloureux, agaçant.. " il releva les yeux vers le couple en continuant " ennuyeux. " conclu t-il en s'arrêtant lorsqu'il se remarqua non seulement proche des équidés, mais aussi d'insectes volants en tous genres.

Drazbel leva la tête et souffla fortement par les naseaux. Il n'aimait pas les insectes, ni la mélodie dissonante du couple.

" Vous êtes ensemble ? "

HRP :