[EVENT] Memento mori (Acte II)

Ils n’étaient plus que des ombres. Des spectres perdus au cœur d’une mer de brume. Et ils courraient. Se positionnaient. Tel des pions sur un échiquier. A ceci près que nul ne quel était l’enjeu. Une seule chose importait : rattraper les Pandorians. Avant qu’il ne soit trop tard.

Et les chevaux galopaient. Aveuglés par la brume, asphixyés par les vapeurs brûlantes que crachaient les geysers. Ils courraient, après des fantômes, guidés uniquement par la fragrance doucereuse de l’Alpha et le claquement sec de leurs sabots sur le sol minéral. Le souffle du gris s’était depuis longtemps fait rauque. Depuis de longues minutes déjà, leurs chemins s’entrelaçaient dans le brouillard, sans que le Pandorian ne garde le même cap plus de quelques instants. C’était à se demander quand prendrait fin la course poursuite. Au point que le mâle vînt à se questionner sur l’objectif du bai. Savait-il seulement où il allait ?

Enfin, l’étalon sembla se décider, adoptant une trajectoire rectiligne, propice à de fulgurantes accélérations. Ainsi, l’Alpha s’était décider à les semer. Un rictus naquît sur les lèvres du poète à cette pensée : sa cible venait de se condamner. Sa silhouette était certes taillée pour la vitesse, ses muscles n’avaient ni la vigueur ni l’endurance de ceux qui courraient sous son pelage de Lune. La distance qui les séparait s’amenuisait déjà. C’est alors qu’une autre odeur lui parvînt, touche de féminité dans cette joute masculine. Un Rhönin à n’en pas douter. Et droit devant qui plus est. Le sourire du gris s’agrandît. Elle leur barrait la route. Avec un peu de chance, l’Alpha aurait pris trop de vitesse pour pouvoir l’éviter.

Mais c’était sans compter sur l’habilité de ce dernier, qui, avec une agilité féline, décrivît un virage formidable. Cette manœuvre laissa le Nomade pantois. Réaliser un tournant pareil à cette vitesse était tout bonnement impossible, du moins le pensait-il. Oubliant son rang de poète, le mâle lâcha quelques jurons bien sentis, obligé qu’il était de ralentir pour suivre les traces du brun. Suite à cette manœuvre, le Faucon fût rejoins par Kabëlan, qu’il avait dépassé quelques instants plus tôt. Savoit son chef à ses côtés rassurait le gris. Ils n’étaient pas trop de deux pour arrêter le Pandorians. Et c’était sans compter la jument, qui surgît soudainement de la brume.

Les trois chevaux galopaient désormais de front, en une terrible charge. Leurs sabots frappaient le sol dans un rythme endiablé, assourdissant. La charge du bien, poursuivant le malin. Bientôt, la brume se dissipa, et l’étalon compris, en même temps que ses pairs, que l’Alpha les menait vers les bois automnaux. Cette pensée ne l’enchanta guère : agile qu’il était, le brun aurait tôt fait de les semer dans ce dédales de troncs et de buissons. Déjà, les premières embûches jonchaient le sol, forçant les équidés à ralentir. Season’s serra les dents. Certes, il était bien plus agiles que la plupart de ses paires, habitué qu’il était à galoper sur n’importe quel terrain, et mais il ne pourrait pas conserver ce rythme bien longtemps. Déjà, le mâle avait devancé ses compagnons d’une longueur, mettant à profit son expérience. Mais cela ne suffirait pas, il le savait. Le Pandorian était bien trop agile.

Le gris perçut alors une autre cavalcade à sa gauche. Ainsi donc, les deux Pandorians se rejoignaient. Mais où donc les emmenaient-ils ?