Sujet: Dans le blanc de ses yeux - Milaha Lun 16 Mai - 15:27 | |
| GayrfressaModératrice
Messages : 2128 Pan : 312 Date d'inscription : 16/02/2014
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Là. Elle était là. Toujours à ses trousses, comme si jamais elle ne la laisserait. La caramel pouvait sentir sa présence sans pour autant la voir, comme si elle se cachait dans son ombre même. Et pourtant, elle le savait, la Blanche était là. Sa présence ne cessait de peser sur son fragile être, s’immisçant sans relâche dans ses pensées, lui provoquant de réguliers frissons le long de l'échine. Le cri de l'Immondice résonnait encore en son sein. Il l'horrifiait, l'hypnotisait, la rendait folle. Folle, qui l'eût cru quelques années plus tôt, alors qu'elle La rencontrait pour la première fois. Qui l'eût cru que son sanglant regard et sa carcasse décharnée resteraient gravés dans sa mémoire au fer rouge ?
Une profonde détresse envahissait depuis la douce alezane. Dès lors qu'elle avait quitté les falaises grinçantes, elle n'avait plus éprouvé le moindre repos. Plus que jamais, elle fuyait sans relâche. L'idée de se cacher pour ne plus jamais se montrer aux autres, au monde, l'avait quittée. Où qu'elle irait, et tant qu'elle n'en mourrait d'épuisement, Elle la poursuivrait sans repos. Elle en était persuadée, tout autant qu'elle savait que son nom était Gayrfressa. Si tant est qu'il s'agissait bien de son nom. La cuivrée n'avait guère plus de confiance en sa mémoire qu'elle n'en avait en l'avenir.
Son passé ne lui avait-il donc pas prouvé qu'elle ne pouvait se fier à rien ni personne ? Le seul bonheur réel qu'elle avait pu connaître s'en était allé tout aussi vite qu'il était arrivé. Lui aussi arborait une couleur blanche comme neige, et pourtant, il était l'opposé complet de celle qui la hantait. Le temps avait beau s'être bien écoulé depuis, elle n'en avait oublié en rien ses oreilles en forme de croissant de lune, pas plus qu'elle n'en avait oublié ses pas légers qui, d'une grâce méconnue à un étalon normal, dansaient au bord du lac d'ambre. Lui aussi avait disparu. Comme tous les autres, elle l'avait perdu, il l'avait laissée. Seule face au monde.
Seule. Qu'il était désolant de constater à quel point il ne serait jamais possible de n'être autre qu'une éternelle solitaire, dont l'existence étaient rythmée par des rencontres éphémères. Certaines réchaufferaient son cœur un bref instant, avant que de nouveau la peur la prenne au ventre. Et alors, de nouveau, sa folie reprendrait.
Là. Elle était là. À présent elle pouvait sentir son regard peser sûr son corps usé par la fatigue. La caramel ne connaissait plus que de courtes nuits aux cauchemars réguliers. Un long repos lui était pourtant nécessaire afin qu'elle puisse maintenir le train de son incessante fuite. Elle ne le pouvait guère, hélas. Si elle s'endormait trop longtemps, qu'est-ce qui pouvait l'assurer qu'elle se réveillerait ? Et puis, Elle risquait de la rattraper. De la retrouver. De relancer sur elle ce cri qui faisaient retentir en elle toutes les détresses de son cœur. C'était comme si d'un coup, toutes les souffrances du monde lui tombaient dessus. C'était comme si la vie, de part ce cri déchirant, s'acharnait sur elle.
Qu'avait-elle pu faire pour mériter une telle chose ? Elle qui avait toujours été douce comme un agneau. Elle n'avait aucun sang sur ses sabots. Tic-tac, tic-tac. Souvenir, souvenir. Et son cœur se serrait. Et elle haletait, plaquait ses oreilles contre son crâne et ses muscles se contractèrent. Elle avait du sang qui avait giclé jadis sur ses sabots. Elle avait vu mourir son frère et sa mère, sous les griffes d'une Apparition. Et elle, lâche, elle avait observé, sans bouger, pétrifiée par l'idée que sa vie aussi pouvait s'arrêter si elle s'élançait à leur secours. Cette Apparition, s'agissait-il aussi de la Banshee ? Ses souvenirs étaient troubles, bien du temps avait passé. Il était loin ce tragique événement. Et pourtant, l'évoquer simplement lui faisait ressentir cette même horreur qui l'avait pétrifiée.
Elle trébucha contre une racine qu'elle avait pourtant vue. Tête la première, elle plongea sur le sol de feuilles mortes tapissé. Elle se releva, ses genoux légèrement égratignés. Un sursaut la prit. Un bruit. Venait-elle d'entendre un craquement de branches dont elle n'était pas à l'origine ? Elle se dressa sur ses postérieurs. Oui, elle avait entendu. Était-ce la Blanche qui se remontrait ? Non, elle ne le voulait pas. Ses oreilles se plaquèrent contre son crâne. Il était trop tard pour s'élancer au galop. Trop tard pour prendre la fuite. On l'avait rattrapée, elle n'était plus seule.
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